Pour sa troisième année consécutive, le Festival International du film d’Amiens et le Centre Culturel de l’Abbaye de Saint-Riquier, avec le soutien du département de la Somme, organise une résidence d’écriture au sein de l’Abbaye de Saint-Riquier, du 28 juillet au 4 août.
Cette résidence d’écriture souhaite accorder à sept cinéastes, répondant à des profils régionaux, nationaux et internationaux, un cadre calme et privilégié pour écrire et échanger au sein d’une abbaye classée monument historique. Elle concerne des cinéastes travaillant sur un premier ou un second long-métrage; à toutes étapes possibles du projet. Cette semaine est ponctuée par des temps d’écriture en solitaire et par des moments de travail en collectif. Les sept résident.e.s sont accompagnés du réalisateur et scénariste Dominique Choisy, qui leur apportera conseil et expertise. La résidence s’accompagnera également d’une séance de cinéma accompagnée par les résident.e.s le vendredi 2 août.
Mehdi Ackermann
Après des études de philosophie et de sociologie à la Sorbonne, il se réoriente vers le montage. Mehdi Ackermann est un monteur basé à Pantin, en banlieue parisienne.
Il s’intéresse particulièrement aux mouvements d’émancipations populaires et aux histoires marginalisées. Ses travaux sont dédiés à promouvoir une histoire populaire et alternative. Il est par ailleurs éducateur spécialisé depuis plus de 10 ans et travaille en lien avec des structures d’accueil et de réinsertions.
Résumé du projet :
En 1957 à Tunis à l’appel du FLN (Front de Libération National), un groupe d’artistes algériens du monde du théâtre et de la musique se réunissent pour fonder une troupe artistique. Ils et elles vont écrire des pièces de théâtre et des chansons pour exalter la culture algérienne invisibilisée et niée par 132 ans de colonisation française. Parmi elleux, Farid Ali, militant anti fasciste ayant combattu en Espagne aux côtés des républicains, emprisonné et torturé par le gouvernement français durant la révolution algérienne, écrira quelques unes des plus emblématiques chansons de la troupe qui porteront des messages révolutionnaires à travers toute l’Algérie, des camps de réfugiés aux maquis les plus reculés. Malgré une lutte constante aux côtés de la révolution, Ali sera dès l’indépendance de l’Algérie emprisonné par le gouvernement algérien pour ses prises de position en faveur de la reconnaissance de la culture amazigh. Oublié de l’histoire, ce projet de film tente de mettre en lumière un parcours de vie dédié à la lutte.
Jeannette Devendeville
Jeannette est née en 1998 à Amiens. En 2017, elle entame une licence en langues
étrangères appliquées.
Entre des voyages et travaux saisonniers, elle développe des
idées de scénarios et fonde l’association Bokeh avec laquelle elle réalisera plusieurs clips ainsi que son premier court-métrage DEAL.
En 2021, elle est prise à « La première des marches », un accompagnement d’un an organisé par l’Acap où elle développe l’écriture d’un court-métrage de fiction. En parallèle, elle commence un service civique dans l’association Bulldog audiovisuel.
En 2022, elle réalise son deuxième court-métrage : ON PEUT PAS DORMIR TOUT LE TEMPS, sélectionné au festival international du film d’Amiens (2022) et au festival de la nouvelle vision (2022). Ainsi qu’un court-métrage de 3 minutes : T’INQUIÈTE qui gagne le prix du public et du jury au festival : Fêtons court ! (2022) et le prix du public à : La Nuit du film court (2023). Elle réalisera prochainement une version plus longue de ce court-métrage, produit par Les Faquins et financé par Pictanovo.
Depuis 2022, elle exerce aussi le métier de scripte sur de nombreux tournages de courts-métrages. Aujourd’hui, elle finit l’écriture du court-métrage : MA SŒUR EST VERTE produit par Les Malandrins et continue d’exercer le métier de scripte.
Résumé du projet :
Entre mes 19 et 21 ans, j’ai travaillé en Espagne dans un des restaurants d’un hôtel étoilé. Les employés étaient tous logés dans une résidence à part. Tous les soirs, après le service on se retrouvait sur la terrasse, on se racontait nos journées, on riait, on s’engueulait et les plus âgés disaient :
« Je n’ai jamais vu un hôtel fonctionner comme ça. ».
Tout était absurde, la plupart des employés étaient des jeunes sans expérience, comme moi. On n’était pas très bien payé et on travaillait beaucoup. Mais on était logé à deux pas de la mer, on faisait la fête et le lendemain on allait travailler, en costumes ou en robes noires, on avait l’air mature et classe « Si seulement les clients savaient. » on se disait souvent.
J’ai pris des notes sur ce qu’il m’arrivait, ce que je voyais, les gens que je rencontrais et j’aimerais m’en inspirer pour développer une série.
Aurore Froissart
Après avoir eu son bac et son DFE de Musique, Aurore a dévalé un terril pour aller s’échouer sur les bancs de Sciences Po Paris.
En 2018, elle revient dans un Bassin Minier qu’elle n’a jamais vraiment quitté, un diplôme de sociologie et un de cinéma dans ses bagages, pour creuser les mémoires et les murs à la recherche d’histoires personnelles et collectives. Depuis, ses créations me ramènent toujours à la manière dont le temps et les épreuves marquent les corps, et à la façon dont ils se lient à leurs décors. Particulièrement à ceux du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
Résumé du projet :
1906. Une explosion souterraine dans les mines de Courrières massacre 1 200 travailleurs. Sur le mémorial commémorant la grève qui a suivi, un nom est abandonné à la rouille. C’est celui de Benoît Broutchoux, ouvrier, syndicaliste, anarchiste, journaliste et véritable bête noire des exploiteurs locaux.
Toujours maintenant, ce nom sonne comme une résistance pour celles et ceux qui s’en souviennent et veulent marcher dans ses pas. Un « rude lapin », aux nombreux faits d’armes, fervent défenseur du syndicalisme révolutionnaire.
Garçon de café punk, conteur patoisant, ouvrier portugais, militante anarcho-syndicaliste… Au volant de « Broutchoux », ma petite voiture, je vais à la rencontre de ces personnages, qui portent sa mémoire tout en racontant leur propre histoire.
Une histoire de luttes, de solidarité, d’intransigeance face à l’exploitation. L’histoire d’un combat pour leur émancipation, et de la sauvegarde d’une mémoire qui sommeille encore dans nos sous-sols.
Halim Haykal
Je suis né le 13 février 1999 au Liban, et je suis originaire d’Aqtanit, un petit village du sud du Liban bordé par la mer Méditerranée et les oliviers. J’ai grandi en lisant les contes de la Comtesse de Ségur : Les malheurs de Sophie, La Sœur de Gribouille, Les Vacances, Après la pluie le beau temps… et dès ma jeunesse un détail m’a particulièrement attiré dans ses romans : c’est la manière très scénaristique avec laquelle elle écrivait les dialogues et décrivait les réactions de ses personnages dans ses romans. Ses dialogues ne sont pas suivis de cadratins et encadrés par des guillemets, mais écrit à la manière d’une continuité dialoguée scénaristique avec le prénom du personnage en majuscule, ses réactions en parenthèse à côté et ce qu’il dit en-dessous.
Pour échapper (mentalement) à la guerre de 2006 et aux bombardements israéliens qui menaçaient la banlieue de Beyrouth dans laquelle je vivais avec mes parents et ma grande sœur, j’ai commencé à écrire, pas dans le but et l’intention de créer quelque chose, mais dans le but de faire comme elle, la Comtesse de Ségur. Mon premier « roman » était une histoire revisitée de « Les Malheurs de Sophie » sauf que la Sophie en question était moins blanche, plus « rebeu » comme dirait les jeunes en France. Ma Sophie à moi ne jouait pas avec ses cousines dans un grand château en Normandie mais dans ce petit village du sud du Liban bordé par la mer, accompagnée toujours par son petit labrador Ringo. Elle fuyait la guerre que me racontait ma mère, la guerre civile de 1975-1990 qu’elle a vécue.
Au fur et à mesure que je découvrais des romans et des films, mes histoires se transformaient en scénario et mes intentions d’imiter la Comtesse de Ségur se sont transformés en l’intention de toucher les gens, de les impressionner, de leur rappeler la nature humaine, notre existence, ce qui compte, vraiment, à travers ce que j’écris. De lutter à travers ce que j’écris. De hurler en silence. De hurler la justice, la vie. De démarginaliser les marginaux et de changer la vision qu’on a souvent d’eux. Et c’est exactement ça l’objectif de mon projet de premier long-métrage « Tanit » que j’ai présenté à votre résidence.
J’ai effectué une licence d’études cinématographiques à l’université Al-Kafaat à Aain Saadé une banlieue au Nord-Est de Beyrouth. Puis, après la double-explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 et la détérioration des rêves des jeunes avec, je suis venu en France, à Amiens, cette ville de cœur qui m’a accueilli à bras ouvert et généreusement porté, pour effectuer mes deux années de Master en Cinéma à l’Université de Picardie Jules Verne. En 2022 j’ai écrit un mémoire sur l’influence de la crise identitaire du Liban sur son expression cinématographique. En 2023 j’ai réalisé « à la maison » mon film documentaire de fin d’études « Désordre Intérieur » qui a été sélectionné au Festival des Écrans Documentaires d’Arcueil et gagné une Mention Spéciale du Jury.
Résumé du projet :
Avec ses ruelles vides, Tanit a des allures de village fantôme. Au coeur de cette localité du sud du Liban qui s’étire le long d’une route en lacets bordée d’oliviers et dominant la Méditerannée, les libanais et les réfugiés syriens vivent ensemble en paix et harmonie. Ils vont à la messe ensemble, célèbrent les fêtes ensemble et les uns dépendent des autres. Or, l’harmonie entre libanais et syriens de ce village vacille lorsque, quelques jours après l’assasinat du haut responsable du parti politique chrétien libanais, Pascal Sleiman, par des mafieux syriens dans le nord du pays, un crime dans le village va le déchirer sur la présence de ces réfugiés. Les ruelles autrefois paisibles résonneront maintenant des murmures inquiets des habitants.
Clément Hess
Clément Hess occupe depuis 2015 différents postes sur des courts métrages.
En 2022 il réalise son premier court métrage ÉPAVE produit par Bulldog audiovisuel.
Passionné de musique, il collabore avec diverse labels & artistes, pour la réalisation de Clips et lives sessions.
Résumé du projet :
Ce film raconte l’histoire d’Idriss, détective privée freelance, qui a le don de se fondre dans n’importe quelle milieu social, il utilise cette méthode pour infiltrer des groupes et mener à bien ses missions.
Il est engagé pour enquêter sur une groupe d’activistes écologistes qualifié de terroriste.
Sans s’en rendre compte, jouant toujours un personnage pour cacher sa véritable personnalité, il se fait entraîner dans une spirale qui le mènera à sa perte.
Johanna Makabi
Johanna Makabi est une réalisatrice, scénariste et productrice, née à Paris d’origines sénégalaise et congolaise (RDC). Diplômée du master 2 de Jean Rouch en anthropologie et documentaire de l’université de Nanterre en 2018, elle travaille également dans le casting et la production, collaborant avec des réalisateurs de fictions tels que sur « Mignonnes » de Maïmouna Doucouré et « Le Lycéen » de Christophe Honoré, entre autres.
Également diplômée de la section production de La CinéFabrique (Lyon), elle devient administratrice élue du collectif 50/50 en 2022. Après la production de divers courts-métrages elle fonde Sirens Films, une société de production cinématographique à impact social et écologique.
Lauréate du fond diversité 2023 de la SACD, elle co-produit et co-écrit actuellement une série inspirée de l’histoire des premières étudiantes noires de La Sorbonne pour France Télévision.
Résumé du projet :
Maya 20 ans, sur sa pièce d’identité, fugue pour passer le casting qui lui permettra de jouer dans le clip de Nelson, un rappeur dont elle est fan.
Dans le bureau de production, elle se lie d’amitié avec Stéphanie (24 ans), pour qui elle garde la petite Naya (7 ans) le temps de son passage. Le soir-même, Stéphanie accepte de l’héberger chez sa mère Régine (52 ans). Vixen et danseuse de pole dance professionnelle, Stéphanie va initier Maya à l’industrie, la présentant comme sa cousine. Ensemble, elles vont passer les différentes étapes du casting jusqu’aux répétitions. Leur relation devient fusionnelle, mais Maya se sent poursuivie par une présence qu’elle tente de fuir.
Alors que le tournage approche, Maya passe du temps avec Anton, le manager de Nelson qu’elle vient de rencontrer. Elle finit par abandonner Stéphanie et Naya.
Le jour des essayages pour le clip, Stéphanie tombe sur une alerte disparition sur les réseaux sociaux, il n’y a plus de doute Maya s’appelle Justine et a 15 ans.
Au moment de la confrontation, cette dernière fait une crise de panique, poursuivie à nouveau par la présence qu’elle est la seule à voir. Elle se jette par la fenêtre du bureau pour y échapper. Quelques mois plus tard, après que Justine ait été hospitalisée, Stéphanie lui rend visite chez ses parents un dimanche. Elle découvre que Justine a usurpé l’identité de sa grande sœur qui s’est récemment immolée par le feu.
Franck Moka
Franck Moka écrit et réalise des vidéos expérimentales, des courts-métrages documentaires, fictions, depuis Kisangani en République démocratique du Congo. Son court-métrage « Home Sweet Home » a fait sa première au International Film Festival of Rotterdam en 2021.
Résumé du film :
L’amour de rêve entre Mars, congolais et sa petite amie Gath, rwandaise décline lorsqu’émergent dans une conversation des conflits familiaux et les traumas du passé que chacun affronte secrètement. Mais ils sont loin de se douter qu’une menace en plus plane sur eux et que l’issue sera tragique.
L’intervenant 2024
Dominique Choisy, réalisateur et scénariste
Dominique Choisy est un ancien étudiant de l’Institut des Hautes Études Cinématographiques (I.D.H.E.C). Après quelques courts-métrages, il réalise trois longs-métrages de fiction : Confort Moderne (2001), Les Fraises des bois (2011), Ma Vie avec James Dean (2018), et un long-métrage documentaire Les Mots de Taj (2021). Il est également professeur associé à l’UFR Arts de l’Université Picardie Jules Verne en scénario et réalisation, et anime un atelier d’échanges et de projets pour professionnels au Ciné St-Leu à Amiens. Il est membre de la commission documentaires en Normandie (Normandie Images) et parfois pour les fictions longs métrages en Hauts de France (Pictanovo). Il est membre du SCA (Scénaristes de Cinéma Associés).
Il travaille actuellement sur la préparation de son prochain long-métrage de fiction, Les Mains d’Eddy, soutenu à l’écriture par la Région Hauts-de-France et Pictanovo, et primé par Beaumarchais-SACD.